Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
Christophe Dabitch et David Prudhomme
Editions Autrement, 2003, 227 p.
Le Passant Ordinaire (n° 37, nov/déc 2001) a publié « La ligne de bus », devenu le premier chapitre du livre, l’introduction à ces voyages aux pays des Serbes. Dabitch, auteur du récit, et Prudhomme, le dessinateur, sont partis deux fois aux pays des Serbes, en été 2001 et en hiver 2002. Christophe Dabitch, journaliste, d’origine serbe, précise d’emblée dans l’avant-propos que « ce carnet de voyage ne se veut ni une défense des Serbes et de la Serbie, ni l’attaque en règle d’un collectif dont chaque personne ne serait qu’un fidèle représentant ». Un voyage en mode mineur, un voyage intérieur qui « parle autant d’eux que de nous ». Et ils ont eu du mal à parler de ces dix ans de guerre, tous ces Serbes lambda que les deux Français ont croisés au hasard de leurs voyages. Et quand ils finissent par raconter, se raconter, se dessine alors une mosaïque de positionnements et de sentiments qui décourage la caricature. Des bourreaux et des victimes, de l’absurde souvent, de la souffrance toujours. Par petites touches se recompose à travers les récits et les témoignages la très relative vérité de cette ultime guerre balkanique où le peuple serbe ne peut être assimilé à la folie de Milosevic.
Après un film et de nombreux articles, pour le Passant Ordinaire en particulier, Christophe Dabitch avec ce nouveau retour en Serbie, remet le pied en travers de la porte pour tenter de comprendre « la guerre et le nationalisme ». A l’issue du voyage, écrit-il, « j’ai perdu une illusion de la transparence, cette impression que nous avons de vivre dans un système tel qu’on nous le décrit, clair et simplifié, comme si les caves, les couloirs et les greniers avaient disparu de notre histoire. La nouvelle morale est une histoire aussi sale, l’humanisme est le faux argument du spectacle. J’y ai gagné une méfiance vis-à-vis de tout discours destiné au collectif – le leur et le nôtre – vis-à-vis de la fabrique de la propagande, de l’histoire encore, de l’information. Avec parfois l’impression de ne pas savoir grand-chose et de me perdre dans l’incertitude ». Un voyage au plus près des auteurs et de leurs sujets, les dessins de David Prudhomme, les gens (leurs visages, leurs mains), les paysages, les lieux de vie donnent une belle épaisseur à ces humains trop humains !