Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°20 [juin 1998 - juillet 1998]
© Passant n°20 [juin 1998 - juillet 1998]
par Violaine Ripoll
Imprimer l'articleL'État d'une injustice
Au mois de mai, Israël a fêté les cinquante ans de son existence. La création de cet Etat avait signifié le début d'une ère nouvelle pour le peuple juif, désireux de trouver là, après les horreurs vécues durant la seconde guerre mondiale, un havre de paix sur la Terre sainte. Mais le refuge n'avait rien d'un espace désertique et déserté. Pour les Palestiniens, 1948 rime avec expulsion, dépossession, Nakbah (catastrophe), épisode tragique et méconnu de l'histoire du Proche-Orient. Depuis lors, incompréhensions et violences rythment la vie de la région, sans qu'aucune issue n'ait été trouvée en ce demi-siècle. La colonisation des territoires par les Israéliens n'a jamais cessé, et cela, au détriment des droits élémentaires des Palestiniens. Depuis quelques années cependant, les faits historiques que les témoins de 1948 et les historiens palestiniens clament depuis toujours, sont enfin reconnus par certains historiens israéliens. Ces « nouveaux historiens » dévoilent le contenu des archives de l'Etat israélien, au fur et à mesure de leur ouverture. Ces archives donnent une version suffisamment différente de l'histoire officielle pour que les mythes fondateurs d'Israël se trouvent mis à mal, et que la souffrance des palestiniens soit écrite en toutes lettres. Les intellectuels palestiniens et israéliens se découvrent un terrain d'entente, à défaut d'être d'accord. Ces recherches portent peut-être en elles les premiers espoirs d'un dialogue constructif entre les deux peuples. Car il n'y aura jamais de paix sans réconciliation sur l'histoire commune.
« Souviens-toi, mon fils, que nous n'avons jamais vendu notre terre »
Cette phrase, citée par Elias Sanbar ( ), résume tout l'enjeu des débats autour de 1948. Tirée d'un slogan revendicatif des droits des Indiens d'Amérique, elle a inspiré à l'historien une comparaison théorique entre la création des Etats-Unis et la création d'Israël. La question de l'origine et de la légitimité de l'Etat peut être mis en regard dans les deux pays. Selon lui, « une fois que 1948 est abordé directement, un pas est fait pour crever l'abcès » ( ). Jusqu'aux années 1980, bien peu de gens en Israël ne remettaient en question les premiers pas de l'installation des juifs, puis ceux de la colonisation. L'historiographie israélienne parle d'exode des palestiniens, 500 000 personnes répondant à l'appel des pays arabes voisins. La plupart du temps, la présence des palestiniens sur le territoire lors de l'arrivée des juifs n'est même pas mentionnée.
Les historiens palestiniens ont toujours parlé d'expulsion, entre 700 000 et 900 000 personnes contraintes à l'exil par la force, durant les affrontements judéo-palestiniens - entre le plan de partage de la Palestine adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 29 novembre 1947, et la fin du mandat britannique et la proclamation de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 - , puis durant la guerre israélo-arabe, suite à l'invasion par les pays arabes le 15 mai, et jusqu'aux armistices de paix de 1949. Cette période est marquée par de nombreux massacres perpétrés par les groupes armés sionistes, puis par l'armée israélienne. Si cette thèse n'est pas nouvelle parmi les travaux des historiens palestiniens, elle l'est en revanche parmi ceux des historiens israéliens. L'ouverture des archives israéliennes a permis aux historiens de fouiller l'histoire de l'Etat, au moment même où le nationalisme s'est exacerbé pendant la guerre du Liban en 1982, et au début de l'Intifada en 1987.
Depuis la publication, en 1987, de l'ouvrage de Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949 ( ), les remises en cause de l'historiographie ébranlent les fondements mythiques d'Israël, et provoquent des remises en question existentielles de la légitimité même du pays. Ces travaux ont eu du mal à être publiés, ils l'ont d'abord été par des universités étrangères, en anglais, puis traduits en hébreu. En France, aucun de ces livres n'a intéressé les éditeurs. Dominique Vidal, journaliste au Monde diplomatique, a publié une synthèse de ces travaux : Le péché originel d'Israël : L'expulsion des Palestiniens revisitée par les «nouveaux historiens » israéliens ( ). Par le regroupement des différentes analyses des conflits proposées par les chercheurs, trois points principaux de l'histoire israélienne, autour de 1948, sont battus en brèche. En premier point, le rapport de force réel entre les protagonistes du conflit n'étaient pas à l'avantage des Palestiniens et des pays arabes, contrairement à ce que les Israéliens ont toujours prétendu. Les ressources financières, l'organisation logistique et le matériel israéliens sont arrivés à temps pour se défendre, puis attaquer des adversaires certes plus nombreux, mais mal organisés et peu équipés. Le deuxième point concerne les négociations de paix et les promesses faites par les sionistes de permettre la création d'un Etat arabe à côté de l'Etat juif. Cette hypothèse n'a jamais fait partie de la stratégie politique initiale des négociateurs du plan de partage, mais il s'agissait en secret d'un accord tacite entre les dirigeants de l'Agence juive et le roi Abdallah de la Transjordanie qui annexerait le territoire promis aux arabes, sous la bienveillance britannique qui garderait ses prérogatives sur ce même territoire. Le dernier point d'étude, le plus douloureux, concerne les conditions de l'exode des Palestiniens. Les archives israéliennes ont dévoilé les opérations militaires prévues pour liquider toute opposition à la création d'un Etat juif. L'expulsion n'est pas implicitement organisée, mais tout montre que c'était la principale quête de David Ben Gourion, vider le territoire du maximum de Palestiniens, et éviter leur retour par la destruction ou la dépossession de leur biens .
« Il faut savoir tordre le cou aux mythes » (Elias Sanbar)
Les conclusions de ces recherches au cœur des archives montrent combien il est difficile de partager une objectivité historique commune. En effet, comme l'écrit Dominique Vidal dans son ouvrage, « du point de vue arabe, l'affrontement en Terre sainte met aux prises, non deux légitimités, mais des autochtones avec des colons étrangers ». Cette distinction essentielle éclaire les principales critiques faites aux « nouveaux historiens » israéliens (certains les qualifient de « premiers historiens », car l'historiographie naîtrait de leur travaux en enterrant le dogmatisme étatique présenté jusqu'alors).
La première critique concerne la méthodologie. Les archives consultées sont uniquement israéliennes, plus rarement occidentales. Les archives arabes n'ont pas été explorées (pour cause de langue ou accessibilité plus difficile). Les historiens palestiniens reprochent surtout à leurs homologues israéliens d'avoir négligé la mémoire orale, les récits des témoins de l'époque. Pour eux, le temps presse pour recueillir et faire connaître tous ces narratifs essentiels à la construction de l'histoire collective. L'histoire ne se borne pas au dépouillement des archives, mais elle doit aussi prendre en considération l'état d'esprit et le contexte. Elias Sanbar affirme qu'il n'y a vraisemblablement pas de preuve écrite de la volonté d'expulsion des palestiniens par David Ben Gourion, mais celle-ci se lit entre les lignes et dans les faits, elle est intentionnelle.
Cette part d'interrogation sur les limites d'un travail d'archives unilatérales rejoint la deuxième observation faite aux historiens. Par un tel biais, le vainqueur écrit l'histoire et l'historiographie. La victime devient coupable de son sort, donc responsable. La subjectivité fonde la base des raisonnements israéliens, devant « une victime silencieuse, peu digne de confiance », dit encore Elias Sanbar. Nur Massalha, autre historien palestinien, indique que les effets sont visibles sur l'histoire actuelle : les réfugiés et les acteurs de l'Intifada ne sont pas identifiés. Sans l'histoire orale, les Palestiniens ne se seraient pas reconstruits, et n'auraient pas sauvegardé l'espoir d'une nation palestinienne. L'historien doit intervenir au delà d'une identification des événements et de leur retranscription. Selon Edward Saïd, « l'historien n'est pas un scribe des faits, il doit les approuver pour obtenir l'approbation des lecteurs ». Pour les « nouveaux historiens » israéliens, cette position de juge et partie reste délicate. Benny Morris considère que l'historien n'a pas à prendre en compte ce qui va être dit de ses travaux. Même au prix d'une carrière universitaire perturbée pour cause de conclusions dérangeantes...
« Le problème n'est pas territorial mais existentiel » (Ilan Pappé)
Par la diffusion des recherches, Ilan Pappé affirme que ce réexamen de la société permet aux gens de « comprendre qu'il y a des explications historiques aux difficultés d'aujourd'hui ». Les débats ont quitté la sphère des spécialistes pour devenir publics. Ces « découvertes » se sont faites parallèlement à une crise d'identité d'Israël et du sionisme : « nous vivions sur un fantôme ». La complexité des rapports de domination et de colonisation, inchangés depuis cinquante ans, ne favorise les démarches de réconciliation. Pour la première fois, les Palestiniens sont entendus dans l'autre camp. « Il ne s'agira pas de se mettre d'accord sur une histoire commune, mais, déclare Elias Sanbar, on doit se mettre d'accord sur l'injustice de 1948 commise à l'égard d'un peuple. La reconnaissance passe par là ». Israël a construit sa légitimité sur l'histoire tragique de son peuple, l'injustice et l'holocauste. La question de son avenir passe par la prise en compte de son déni de l'existence des Palestiniens. Shimon Pérès écrit, en ce même mois de mai ( ): « Après cinquante ans d'existence d'Israël (...), il nous faut réparer la faute que nous avons commise : nous n'avons pas pris en compte l'existence d'un autre peuple ; et dès l'instant que nous vivons à ses côtés, nous avons tout intérêt à achever la révolution historique entamée. »
Ces discours invitant à la reconnaissance de droits mutuels proposent, pour l'heure, une vision bien optimiste face aux réalités quotidiennes. Si certains historiens et intellectuels sont reliés par un désir de connaissance et de reconnaissance, la rue d'un côté et de l'autre souffre et ne se comprend pas. Les cent ans d'hostilités, la conquête par colonisation et abus de pouvoir, la politique désastreuse de Benyamin Nétanyahou, les blessures et humiliations des Palestiniens continuent d'hypothéquer inéxorablement les chances de voir un jour, un petit bout de paix s'immiscer au milieu des balles.
« Souviens-toi, mon fils, que nous n'avons jamais vendu notre terre »
Cette phrase, citée par Elias Sanbar ( ), résume tout l'enjeu des débats autour de 1948. Tirée d'un slogan revendicatif des droits des Indiens d'Amérique, elle a inspiré à l'historien une comparaison théorique entre la création des Etats-Unis et la création d'Israël. La question de l'origine et de la légitimité de l'Etat peut être mis en regard dans les deux pays. Selon lui, « une fois que 1948 est abordé directement, un pas est fait pour crever l'abcès » ( ). Jusqu'aux années 1980, bien peu de gens en Israël ne remettaient en question les premiers pas de l'installation des juifs, puis ceux de la colonisation. L'historiographie israélienne parle d'exode des palestiniens, 500 000 personnes répondant à l'appel des pays arabes voisins. La plupart du temps, la présence des palestiniens sur le territoire lors de l'arrivée des juifs n'est même pas mentionnée.
Les historiens palestiniens ont toujours parlé d'expulsion, entre 700 000 et 900 000 personnes contraintes à l'exil par la force, durant les affrontements judéo-palestiniens - entre le plan de partage de la Palestine adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 29 novembre 1947, et la fin du mandat britannique et la proclamation de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 - , puis durant la guerre israélo-arabe, suite à l'invasion par les pays arabes le 15 mai, et jusqu'aux armistices de paix de 1949. Cette période est marquée par de nombreux massacres perpétrés par les groupes armés sionistes, puis par l'armée israélienne. Si cette thèse n'est pas nouvelle parmi les travaux des historiens palestiniens, elle l'est en revanche parmi ceux des historiens israéliens. L'ouverture des archives israéliennes a permis aux historiens de fouiller l'histoire de l'Etat, au moment même où le nationalisme s'est exacerbé pendant la guerre du Liban en 1982, et au début de l'Intifada en 1987.
Depuis la publication, en 1987, de l'ouvrage de Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949 ( ), les remises en cause de l'historiographie ébranlent les fondements mythiques d'Israël, et provoquent des remises en question existentielles de la légitimité même du pays. Ces travaux ont eu du mal à être publiés, ils l'ont d'abord été par des universités étrangères, en anglais, puis traduits en hébreu. En France, aucun de ces livres n'a intéressé les éditeurs. Dominique Vidal, journaliste au Monde diplomatique, a publié une synthèse de ces travaux : Le péché originel d'Israël : L'expulsion des Palestiniens revisitée par les «nouveaux historiens » israéliens ( ). Par le regroupement des différentes analyses des conflits proposées par les chercheurs, trois points principaux de l'histoire israélienne, autour de 1948, sont battus en brèche. En premier point, le rapport de force réel entre les protagonistes du conflit n'étaient pas à l'avantage des Palestiniens et des pays arabes, contrairement à ce que les Israéliens ont toujours prétendu. Les ressources financières, l'organisation logistique et le matériel israéliens sont arrivés à temps pour se défendre, puis attaquer des adversaires certes plus nombreux, mais mal organisés et peu équipés. Le deuxième point concerne les négociations de paix et les promesses faites par les sionistes de permettre la création d'un Etat arabe à côté de l'Etat juif. Cette hypothèse n'a jamais fait partie de la stratégie politique initiale des négociateurs du plan de partage, mais il s'agissait en secret d'un accord tacite entre les dirigeants de l'Agence juive et le roi Abdallah de la Transjordanie qui annexerait le territoire promis aux arabes, sous la bienveillance britannique qui garderait ses prérogatives sur ce même territoire. Le dernier point d'étude, le plus douloureux, concerne les conditions de l'exode des Palestiniens. Les archives israéliennes ont dévoilé les opérations militaires prévues pour liquider toute opposition à la création d'un Etat juif. L'expulsion n'est pas implicitement organisée, mais tout montre que c'était la principale quête de David Ben Gourion, vider le territoire du maximum de Palestiniens, et éviter leur retour par la destruction ou la dépossession de leur biens .
« Il faut savoir tordre le cou aux mythes » (Elias Sanbar)
Les conclusions de ces recherches au cœur des archives montrent combien il est difficile de partager une objectivité historique commune. En effet, comme l'écrit Dominique Vidal dans son ouvrage, « du point de vue arabe, l'affrontement en Terre sainte met aux prises, non deux légitimités, mais des autochtones avec des colons étrangers ». Cette distinction essentielle éclaire les principales critiques faites aux « nouveaux historiens » israéliens (certains les qualifient de « premiers historiens », car l'historiographie naîtrait de leur travaux en enterrant le dogmatisme étatique présenté jusqu'alors).
La première critique concerne la méthodologie. Les archives consultées sont uniquement israéliennes, plus rarement occidentales. Les archives arabes n'ont pas été explorées (pour cause de langue ou accessibilité plus difficile). Les historiens palestiniens reprochent surtout à leurs homologues israéliens d'avoir négligé la mémoire orale, les récits des témoins de l'époque. Pour eux, le temps presse pour recueillir et faire connaître tous ces narratifs essentiels à la construction de l'histoire collective. L'histoire ne se borne pas au dépouillement des archives, mais elle doit aussi prendre en considération l'état d'esprit et le contexte. Elias Sanbar affirme qu'il n'y a vraisemblablement pas de preuve écrite de la volonté d'expulsion des palestiniens par David Ben Gourion, mais celle-ci se lit entre les lignes et dans les faits, elle est intentionnelle.
Cette part d'interrogation sur les limites d'un travail d'archives unilatérales rejoint la deuxième observation faite aux historiens. Par un tel biais, le vainqueur écrit l'histoire et l'historiographie. La victime devient coupable de son sort, donc responsable. La subjectivité fonde la base des raisonnements israéliens, devant « une victime silencieuse, peu digne de confiance », dit encore Elias Sanbar. Nur Massalha, autre historien palestinien, indique que les effets sont visibles sur l'histoire actuelle : les réfugiés et les acteurs de l'Intifada ne sont pas identifiés. Sans l'histoire orale, les Palestiniens ne se seraient pas reconstruits, et n'auraient pas sauvegardé l'espoir d'une nation palestinienne. L'historien doit intervenir au delà d'une identification des événements et de leur retranscription. Selon Edward Saïd, « l'historien n'est pas un scribe des faits, il doit les approuver pour obtenir l'approbation des lecteurs ». Pour les « nouveaux historiens » israéliens, cette position de juge et partie reste délicate. Benny Morris considère que l'historien n'a pas à prendre en compte ce qui va être dit de ses travaux. Même au prix d'une carrière universitaire perturbée pour cause de conclusions dérangeantes...
« Le problème n'est pas territorial mais existentiel » (Ilan Pappé)
Par la diffusion des recherches, Ilan Pappé affirme que ce réexamen de la société permet aux gens de « comprendre qu'il y a des explications historiques aux difficultés d'aujourd'hui ». Les débats ont quitté la sphère des spécialistes pour devenir publics. Ces « découvertes » se sont faites parallèlement à une crise d'identité d'Israël et du sionisme : « nous vivions sur un fantôme ». La complexité des rapports de domination et de colonisation, inchangés depuis cinquante ans, ne favorise les démarches de réconciliation. Pour la première fois, les Palestiniens sont entendus dans l'autre camp. « Il ne s'agira pas de se mettre d'accord sur une histoire commune, mais, déclare Elias Sanbar, on doit se mettre d'accord sur l'injustice de 1948 commise à l'égard d'un peuple. La reconnaissance passe par là ». Israël a construit sa légitimité sur l'histoire tragique de son peuple, l'injustice et l'holocauste. La question de son avenir passe par la prise en compte de son déni de l'existence des Palestiniens. Shimon Pérès écrit, en ce même mois de mai ( ): « Après cinquante ans d'existence d'Israël (...), il nous faut réparer la faute que nous avons commise : nous n'avons pas pris en compte l'existence d'un autre peuple ; et dès l'instant que nous vivons à ses côtés, nous avons tout intérêt à achever la révolution historique entamée. »
Ces discours invitant à la reconnaissance de droits mutuels proposent, pour l'heure, une vision bien optimiste face aux réalités quotidiennes. Si certains historiens et intellectuels sont reliés par un désir de connaissance et de reconnaissance, la rue d'un côté et de l'autre souffre et ne se comprend pas. Les cent ans d'hostilités, la conquête par colonisation et abus de pouvoir, la politique désastreuse de Benyamin Nétanyahou, les blessures et humiliations des Palestiniens continuent d'hypothéquer inéxorablement les chances de voir un jour, un petit bout de paix s'immiscer au milieu des balles.