Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°28 [mars 2000 - avril 2000]
© Passant n°28 [mars 2000 - avril 2000]
par Violaine Ripoll
Imprimer l'articleScènes de racisme dans nos Alpes
Le 18 novembre dernier, Mohammed Harbi, historien et ancien membre du FLN, était invité par l’association ALIF (amitiés et liens France-Maghreb), au Musée dauphinois de Grenoble pour une conférence sur l’immigration en France. Des individus cagoulés avaient fait irruption dans la salle en proférant des injures racistes, brisé du mobilier et lancé des tracts signés du Comité nationaliste autonome. Parmi eux, fut mis en examen pour « dégradations en réunion, injures raciales et incitation à la haine raciale » Christian Mollier, militant du MNR (radié depuis). Suite à cette agression, le directeur et le président d’ALIF reçurent des menaces et des injures d’un autre âge : « Raton, creuse ta tombe », et diverses insanités du genre, le tout en lettres de presse découpées et recollées.
A la veille d’une autre conférence, avec Benjamin Stora (historien spécialiste du Maghreb), les menaces sont passées à exécution. La femme du directeur d’ALIF, Chadli Daoud, a été agressée chez elle, le mercredi 9 février, par deux individus à visage découvert se faisant passer pour des policiers. Tortures avec brûlures et coups de cutter, du travail de nazillons dans la plus grande tradition de lâcheté qui caractérise ces gens-là. Là aussi, des slogans racistes : « raton », « bicot », et « melon », et d’autres menaces proférées à l’encontre de la famille.
On est en droit de se demander comment une telle agression a pu avoir lieu, alors que les services de police étaient prévenus depuis le début de cette affaire. Déjà, une agression contre des militants de Ras l’front s’était soldée par un jugement sur des dégâts matériels : pas de sanction. Par de tels actes, les agresseurs touchent une communauté entière, mais aussi une personne salariée d’une association dans son travail et dans sa vie privée. Il semblerait qu’une certaine passivité de la police et de la justice laisse libre court à des agissements auxquels on peut légitimement soupçonner qu’ils acquiescent, et qu’ils s’en rendent complices. Selon les services de police et le Parquet, « aucun élément pour l’instant ne permet de rapprocher les deux affaires et d’affirmer que l’agression de Mme Daoud est le fait de membres issus de l’extrême droite ». Non, rien en effet, juste des menaces, des insultes, suivis peu après de sévices corporels... Un passage à l’acte explicite pourtant.
Malgré tout, rien, et encore moins de tels actes de barbarie, ne fera taire la parole des associations et des anonymes de toutes origines qui défendent l’harmonie entre les communautés et le travail de recherche sur tous les apports culturels, politiques et sociaux de l’immigration en France. Le lendemain de l’agression, la conférence de M. Stora a eu lieu dans une salle comble avec un débat sur l’immigration algérienne. Des drapeaux français et des tracs ont été déposés sur les lieux. Pas de démonstration violente cette fois. Trop peu courageux pour venir expliquer en public tous ces arrière-goûts d’Algérie française et de xénophobie.
L’ancienne chapelle baroque du Musée dauphinois abrite ces rencontres dans le cadre d’une exposition, et pour longtemps. Respect et dialogue ne riment pas avec racisme et fascisme.
A la veille d’une autre conférence, avec Benjamin Stora (historien spécialiste du Maghreb), les menaces sont passées à exécution. La femme du directeur d’ALIF, Chadli Daoud, a été agressée chez elle, le mercredi 9 février, par deux individus à visage découvert se faisant passer pour des policiers. Tortures avec brûlures et coups de cutter, du travail de nazillons dans la plus grande tradition de lâcheté qui caractérise ces gens-là. Là aussi, des slogans racistes : « raton », « bicot », et « melon », et d’autres menaces proférées à l’encontre de la famille.
On est en droit de se demander comment une telle agression a pu avoir lieu, alors que les services de police étaient prévenus depuis le début de cette affaire. Déjà, une agression contre des militants de Ras l’front s’était soldée par un jugement sur des dégâts matériels : pas de sanction. Par de tels actes, les agresseurs touchent une communauté entière, mais aussi une personne salariée d’une association dans son travail et dans sa vie privée. Il semblerait qu’une certaine passivité de la police et de la justice laisse libre court à des agissements auxquels on peut légitimement soupçonner qu’ils acquiescent, et qu’ils s’en rendent complices. Selon les services de police et le Parquet, « aucun élément pour l’instant ne permet de rapprocher les deux affaires et d’affirmer que l’agression de Mme Daoud est le fait de membres issus de l’extrême droite ». Non, rien en effet, juste des menaces, des insultes, suivis peu après de sévices corporels... Un passage à l’acte explicite pourtant.
Malgré tout, rien, et encore moins de tels actes de barbarie, ne fera taire la parole des associations et des anonymes de toutes origines qui défendent l’harmonie entre les communautés et le travail de recherche sur tous les apports culturels, politiques et sociaux de l’immigration en France. Le lendemain de l’agression, la conférence de M. Stora a eu lieu dans une salle comble avec un débat sur l’immigration algérienne. Des drapeaux français et des tracs ont été déposés sur les lieux. Pas de démonstration violente cette fois. Trop peu courageux pour venir expliquer en public tous ces arrière-goûts d’Algérie française et de xénophobie.
L’ancienne chapelle baroque du Musée dauphinois abrite ces rencontres dans le cadre d’une exposition, et pour longtemps. Respect et dialogue ne riment pas avec racisme et fascisme.