Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°34 [avril 2001 - mai 2001]
© Passant n°34 [avril 2001 - mai 2001]
par La Rédaction
Imprimer l'articleLe passant a aimé
Auguste Blanqui, Instruction pour une prise d’armes, suivi de L’éternité par les astres et autres écrits, textes réunis et présenté par M. Abensour et V. Pelosse, Sens & tonka, 2000, 442 p. Le plus grand révolutionnaire du 19e aurait aimé que le peuple s’y prenne un peu mieux lors des soubresauts révolutionnaires, mais s’il voulait organiser et instruire, c’était au nom de la science fouriériste (dont de longs extraits sont reproduits par les éditeurs) qui est tout sauf austère et qui nous éloigne singulièrement des avant-gardes révolutionnaires du 20e. Quant aux spéculations astronomiques rédigées lors de l’un des nombreux séjours en prison, Benjamin y a trouvé tellement de sens qu’elles intriguent nécessairement (on peut lire à ce propos les vifs commentaires de M. Abensour, L’Utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Sens & Tonka, 2000). Libérer l’enfermé pour libérer l’utopie ; une réédition à ne pas rater.
E.R.
Dominique Boudou Fragments pour une dormeuse. Très beau texte mis en scène par Marie Pourroy au théâtre du Pont Tournant. Jean-Claude Chevrier donne une magnifique intensité à ces notations écrites en marge des livres aimés par un couple « de papier », fragile et fort de sa complicité. Les photos sont signées Christian Delécluse et la musique de Paul Gonet et Daniel Marrouat font corps avec les mots.
Pour ceux qui ont loupé cette heureuse rencontre, le texte est publié aus éditions Opales.
P.R.
Pierre Dumayet, Autobiographie d’un lecteur,(éd. Pauvert). Libre parcours d’un lecteur au travers de ses souvenirs de lecture et de ses rencontres avec les écrivains. Pour la nostalgie d’une époque où l’on parlait de littérature à la télévision et le plaisir d’une langue juste.
P.R.
Marie Dupessy rend hommage, dans Dieu gît dans les détails (P.O.L., 1993, 144 p.), à un lieu et à des êtres hors du commun, ceux de la clinique psychiatrique de La Borde. Dans un texte d’une grande force poétique, elle tisse avec une délicatesse et une tendresse infinies une toile où, aux détours de détails et d’instants saisis du quotidien, se dessinent peu à peu les contours d’une humanité dont la souffrance trouve un accueil et un accompagnement conférant à chacun, soignés et soignants, de la grâce et de la grandeur. Ce livre témoigne également d’une démarche institutionnelle de soin exemplaire.
V.L.
Bernard Edelman, L’adieu aux arts, 1926, l’affaire Brancusi (éd. Aubier). Un douanier américain se prend les pieds dans l’Oiseau dans l’espace de Brancusi, et avec lui la justice américaine sommée de répondre à la question : ceci est-il de l’art ? C’est un bouquin très réjouissant où le problème de l’art contemporain est abordé par le biais inhabituel du Droit.
P.R.
Mechtild Gilzmer Camps de femmes (Chroniques d’internées- Rieucros et Brens 1939- 1944) - Editions Autrement 149 F. Traduit de l’allemand par Nicole Bary.
L’auteur a rassemblé les documents - lettres, journaux, photos et dessins - pour reconstituer la vie quotidienne des centaines de femmes ,le plus souvent étrangères, internées successivement dans les camps de « concentration », c’était la dénomination officielle de l’époque, du Sud de la France. Ce regroupement forcé des indésirables commence dès début 39 ; ainsi la République a mis en place les infrastructures répressives que Vichy perfectionnera. Si beaucoup d’entre elles purent avant 1942 s’en sortir, le camp de Brens fut pour les femmes juives l’antichambre de Drancy, avant le départ pour les camps d’extermination. Témoignages émouvants sur ces antifascistes de toute l’Europe soigneusement gardés, triés par la police de Vichy, qui, une fois de plus fit le sale travail au bénéfice de Nazis.
B.D.
Nathalie Kuperman aborde dans son dernier roman Tu me trouves comment ? (Gallimard, 2001, 177 p.) le thème de l’adolescence. Construit à la façon d’un journal intime, il met en scène une jeune fille, Cyrille, aux prises avec la douloureuse quête de son identité de femme. Immergée dans une solitude immense où ses fantasmes vont à la dérive. Cyrille semble flotter dans un univers où chacun tente maladroitement d’occuper sa place et qu’elle contemple avec une lucidité mordante. Le récit de Nathalie Kuperman actualise avec force et sensibilité cette période de la vie où, parfois, l’avenir ne tient qu’à un livre.
V.L.
Francisco Martinez-Lopez « El Quico », Guérillero contre Franco. La guérilla antifranquiste du Léon (1936-1951), Syllepses, 2000, 176 p.
Même si on l’ignore souvent, même si l’Espagne ne l’a toujours pas véritablement reconnu, la guérilla a duré bien longtemps après la fin de la guerre civile. C’est celle du Léon que l’on nous raconte ici, en des termes sobres, justes et émouvants. Cette guérilla initialement unitaire et populaire n’a été vaincue ni par la supériorité militaire du franquisme,
ni même par les atrocités exercées contre la population, mais par la dissipations des espoirs liés à la victoire des alliés en 1945 et par les débuts de la guerre froide. Le récit autobiographique d’El Quico, nous permet d’en suivre les différents épisodes de l’intérieur, alors qu’une préface restitue le contexte historique et qu’une postface s’attache à la présence vivante des héros guérilleros chez les habitants de l’actuel Léon. Un livre très précieux.
E.R.
Tim O’ Brien : A la poursuite de Cacciato, -10/18- 55 F. traduit de l’américain par Yves Bouin
Le première classe Paul Berlin appartient au petit groupe de soldats américains partis à la poursuite du GI’ Cacciato ; lequel, bien que « bête comme une plaque de beurre » a su déserter du Vietnam pour « aller jusqu’au gai Paris à pied ». Aventures mouvementées, odyssée humoristique sont le menu ordinaire de cette agile métaphore sur l’art de se désembourber d’une sale guerre, par le doute et le rêve.
B.D.
Jean-Benoît Puech, Louis-René des Forêts, roman (éd. Farrago). Ce livre retrace la relation d’un jeune homme et d’un écrivain qui a cessé d’écrire. D’un côté, fascination pour le silence, ressenti comme exigence ultime de la poésie ; de l’autre, souffrance, causée par l’impossibilité d’écrire. Un très étrange mélange entre la théorie et la fiction, où l’on s’aperçoit que la théorie est plus fictive que la fiction.
P.R.
Philippe Videlier, Le jardin de Bakounine et autres nouvelles de l’Histoire (Gallimard, 228p., 110 F.). On connaissait l’historien Videlier, en particulier par ses écrits pugnaces dans les colonnes du Passant. Par ce magnifique recueil de nouvelles, on découvre l’écrivain Videlier. Mais ne nous trompons pas, il n’y a pas antinomie. Ici l’auteur met sa plume affûtée au service de l’histoire. Il dépeint en dix portaits - dix nouvelles - les grandes figures révolutionnaires, non pas en s’attachant à l’histoire officielle mais en nous narrant la petite histoire. Il s’attache au petit homme qui se cache derrière le grand et rend à l’ordinaire tout son sens politique. A travers d’innombrables épopées, des terres sauvages et des personnages haut en couleurs, ligne après ligne, c’est notre histoire contemporaine qui s’écrit sous nos yeux réjouis. Et l’on se surprend dans ce réel bouleversant à converser avec ces femmes, ces hommes, aux visages infiniment humains, qui ont marqué de leur vie notre temps.
T.L.
E.R.
Dominique Boudou Fragments pour une dormeuse. Très beau texte mis en scène par Marie Pourroy au théâtre du Pont Tournant. Jean-Claude Chevrier donne une magnifique intensité à ces notations écrites en marge des livres aimés par un couple « de papier », fragile et fort de sa complicité. Les photos sont signées Christian Delécluse et la musique de Paul Gonet et Daniel Marrouat font corps avec les mots.
Pour ceux qui ont loupé cette heureuse rencontre, le texte est publié aus éditions Opales.
P.R.
Pierre Dumayet, Autobiographie d’un lecteur,(éd. Pauvert). Libre parcours d’un lecteur au travers de ses souvenirs de lecture et de ses rencontres avec les écrivains. Pour la nostalgie d’une époque où l’on parlait de littérature à la télévision et le plaisir d’une langue juste.
P.R.
Marie Dupessy rend hommage, dans Dieu gît dans les détails (P.O.L., 1993, 144 p.), à un lieu et à des êtres hors du commun, ceux de la clinique psychiatrique de La Borde. Dans un texte d’une grande force poétique, elle tisse avec une délicatesse et une tendresse infinies une toile où, aux détours de détails et d’instants saisis du quotidien, se dessinent peu à peu les contours d’une humanité dont la souffrance trouve un accueil et un accompagnement conférant à chacun, soignés et soignants, de la grâce et de la grandeur. Ce livre témoigne également d’une démarche institutionnelle de soin exemplaire.
V.L.
Bernard Edelman, L’adieu aux arts, 1926, l’affaire Brancusi (éd. Aubier). Un douanier américain se prend les pieds dans l’Oiseau dans l’espace de Brancusi, et avec lui la justice américaine sommée de répondre à la question : ceci est-il de l’art ? C’est un bouquin très réjouissant où le problème de l’art contemporain est abordé par le biais inhabituel du Droit.
P.R.
Mechtild Gilzmer Camps de femmes (Chroniques d’internées- Rieucros et Brens 1939- 1944) - Editions Autrement 149 F. Traduit de l’allemand par Nicole Bary.
L’auteur a rassemblé les documents - lettres, journaux, photos et dessins - pour reconstituer la vie quotidienne des centaines de femmes ,le plus souvent étrangères, internées successivement dans les camps de « concentration », c’était la dénomination officielle de l’époque, du Sud de la France. Ce regroupement forcé des indésirables commence dès début 39 ; ainsi la République a mis en place les infrastructures répressives que Vichy perfectionnera. Si beaucoup d’entre elles purent avant 1942 s’en sortir, le camp de Brens fut pour les femmes juives l’antichambre de Drancy, avant le départ pour les camps d’extermination. Témoignages émouvants sur ces antifascistes de toute l’Europe soigneusement gardés, triés par la police de Vichy, qui, une fois de plus fit le sale travail au bénéfice de Nazis.
B.D.
Nathalie Kuperman aborde dans son dernier roman Tu me trouves comment ? (Gallimard, 2001, 177 p.) le thème de l’adolescence. Construit à la façon d’un journal intime, il met en scène une jeune fille, Cyrille, aux prises avec la douloureuse quête de son identité de femme. Immergée dans une solitude immense où ses fantasmes vont à la dérive. Cyrille semble flotter dans un univers où chacun tente maladroitement d’occuper sa place et qu’elle contemple avec une lucidité mordante. Le récit de Nathalie Kuperman actualise avec force et sensibilité cette période de la vie où, parfois, l’avenir ne tient qu’à un livre.
V.L.
Francisco Martinez-Lopez « El Quico », Guérillero contre Franco. La guérilla antifranquiste du Léon (1936-1951), Syllepses, 2000, 176 p.
Même si on l’ignore souvent, même si l’Espagne ne l’a toujours pas véritablement reconnu, la guérilla a duré bien longtemps après la fin de la guerre civile. C’est celle du Léon que l’on nous raconte ici, en des termes sobres, justes et émouvants. Cette guérilla initialement unitaire et populaire n’a été vaincue ni par la supériorité militaire du franquisme,
ni même par les atrocités exercées contre la population, mais par la dissipations des espoirs liés à la victoire des alliés en 1945 et par les débuts de la guerre froide. Le récit autobiographique d’El Quico, nous permet d’en suivre les différents épisodes de l’intérieur, alors qu’une préface restitue le contexte historique et qu’une postface s’attache à la présence vivante des héros guérilleros chez les habitants de l’actuel Léon. Un livre très précieux.
E.R.
Tim O’ Brien : A la poursuite de Cacciato, -10/18- 55 F. traduit de l’américain par Yves Bouin
Le première classe Paul Berlin appartient au petit groupe de soldats américains partis à la poursuite du GI’ Cacciato ; lequel, bien que « bête comme une plaque de beurre » a su déserter du Vietnam pour « aller jusqu’au gai Paris à pied ». Aventures mouvementées, odyssée humoristique sont le menu ordinaire de cette agile métaphore sur l’art de se désembourber d’une sale guerre, par le doute et le rêve.
B.D.
Jean-Benoît Puech, Louis-René des Forêts, roman (éd. Farrago). Ce livre retrace la relation d’un jeune homme et d’un écrivain qui a cessé d’écrire. D’un côté, fascination pour le silence, ressenti comme exigence ultime de la poésie ; de l’autre, souffrance, causée par l’impossibilité d’écrire. Un très étrange mélange entre la théorie et la fiction, où l’on s’aperçoit que la théorie est plus fictive que la fiction.
P.R.
Philippe Videlier, Le jardin de Bakounine et autres nouvelles de l’Histoire (Gallimard, 228p., 110 F.). On connaissait l’historien Videlier, en particulier par ses écrits pugnaces dans les colonnes du Passant. Par ce magnifique recueil de nouvelles, on découvre l’écrivain Videlier. Mais ne nous trompons pas, il n’y a pas antinomie. Ici l’auteur met sa plume affûtée au service de l’histoire. Il dépeint en dix portaits - dix nouvelles - les grandes figures révolutionnaires, non pas en s’attachant à l’histoire officielle mais en nous narrant la petite histoire. Il s’attache au petit homme qui se cache derrière le grand et rend à l’ordinaire tout son sens politique. A travers d’innombrables épopées, des terres sauvages et des personnages haut en couleurs, ligne après ligne, c’est notre histoire contemporaine qui s’écrit sous nos yeux réjouis. Et l’on se surprend dans ce réel bouleversant à converser avec ces femmes, ces hommes, aux visages infiniment humains, qui ont marqué de leur vie notre temps.
T.L.