Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°37 [novembre 2001 - décembre 2001]
© Passant n°37 [novembre 2001 - décembre 2001]
par La Rédaction
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Alain Accardo, De notre servitude involontaire, Lettre à mes camarades de gauche (Ed. Agone, 96 p., 8 E (52,48 F), 2001). Avec cette lettre ouverte, le vigilant sociologue, propose un intéressant questionnement analytique des liens qui trop souvent nous asservissent au système social actuel, empêchant un réel engagement politique critique. Il appelle à une réflexion urgente sur une « reconstruction individuelle et collective » afin de rendre plus constructifs les combats politiques du quotidien et de demain. À bon entendeur…
T.L.
Rick Bass, Le guet (traduit de l’américain par Philippe Garnier et Anne Wicke, 10/18, 44 F). Des contes de la folie ordinaire, voilà ce que sont les nouvelles de Rick Bass. Un coureur cycliste perdu dans l’immensité de la plaine du Mississipi, un prof de collège joueur clandestin de hockey sur glace, un jeune et riche oisif texan éleveur de perche dans sa piscine, un vieux puritain sylvestre amoureux des ours et de sa belle-fille : petit échantillon des personnages terrassés par leurs obsessions. Et pas de fin heureuse mais des chutes de nouvelles toujours ouvertes. Le tout raconté dans une langue multiforme, caustique et lyrique. Du grand art.
B.D.
Christian Bonnet, Gérald Liman, photographie de Jean-Pierre Vallorani, … Est-ce que tout le monde est là ? Gestes et dires (Ed. Via Valeriano, 27,44 E.(180 F.), 2001). Un livre témoignage à forte valeur plastique et symbolique qui restitue la dimension sacrée de l’humain et de la relation dans le quotidien d’une maison de retraite. Les paroles des soignants s’égrènent simplement au rythme des images – très belles – des gestes et des êtres.
V.L.
Collectif, L’envie des mots (Ed. CBA, 128 p., 13,72 E. (90 F.), 2001). À signaler ce très bel ouvrage, publié par CBA (Coopération des Bibliothèques en Aquitaine), reprenant deux ans d’atelier d’écriture en milieu carcéral. Avec à la clef des productions fictionnelles de grande qualité des détenu(e)s et des écrits passionnants des animateurs interrogeant à la fois leur propre rapport à l’écriture dans cette univers si particulier et proposant des réflexions pertinentes sur les processus à l’œuvre dans ces ateliers. On notera les contributions de A. Bellet, A. Benchetrit, M.F. Ehret, M. Laffon, J. Laurans, J.M. Maulpoix, D. Sigaud. T.L.
Jean-Claude Guillebaud, Le principe d’humanité (Fayard). J’aime bien Guillebaud. Je partage l’essentiel de ses analyses, de ses rages et de ses espoirs. Ses chroniques de Sud Ouest Dimanche sont une bouffée d’oxygène. Enfin, des convictions fortes et une critique argumentée de la tyrannie des technosciences et de leur alliance avec les multinationales qui nous préparent des lendemains qui déchantent. Si nous ne résistons pas à cette pensée unique et aux relais complaisants qu’elle trouve dans les media. Guillebaud ne cache pas sa sympathie pour une approche religieuse du monde – la question du sens c’est important, à l’époque de l’anti-humanisme scientiste et idéologique – on le taxera de naïveté : vieux moralisme de catho de gauche (dans le Canard, si je ne m’abuse) ; mais une religion débarrassée de ses dogmatismes, purifiée de ses erreurs et messagère de paix et d’amour.
P.R.
Rosetta Loy, Madame Della Seta aussi est juive (Rivages). Si vous ne connaissez pas cette romancière italienne, dépêchez-vous d’acheter ce livre. C’est l’évocation de la vie d’une famille bourgeoise romaine sous le fascisme et bientôt les lois raciales copiées sur celles d’Hitler, entrecoupée d’une étude historique sur l’attitude de l’Eglise pendant cette période. Portraits antithétiques de Pie XI qui voit dans le nationalisme la source de tous les maux, de tous les crimes et qui se bat avec courage et de Pie XII, foncièrement pro-hitlérien et qui ne trouve pas un mot pour condamner nettement les horreurs qui se déroulent à quelques mètres de lui, sauf quand la victoire des Alliés paraît inéluctable. Quand on pense qu’il a été canonisé au prétexte que Dieu serait venu tailler une bavette avec son pontife dans les jardins du Vatican. On aimerait croire qu’il lui a passé un sévère engueulo et non pas des conseils de géopolitique pour ruiner la menace du vilain totalitarisme rouge.
P.R.
Carlo Lucarelli Almost Blue (traduit de l’italien par Arlette Lauterbach, La Noire, 202 pages, 17,43 E. (115 F.)). Soit un trio conforme à la loi des séries du roman policier : un tueur narcisso-sexuel, une jeune et futée policière, Grazia et un aveugle de naissance, Simon, qui peut capter sur son système de scanner sophistiqué toutes les voix de la ville de Bologne où opère l’assassin. La police est impuissante à rétablir l’ordre. Simon, au milieu du désordre bruyant des sons est le seul à pouvoir isoler « la voix verte, qui fait semblant », de l’assassin. Toute la qualité du roman, à la lisière du fantastique, tient dans cette formidable évocation à donner des couleurs aux sons, à ébaucher des liens subtils entre le monde obscur de l’aveugle et la noire prison de l’univers du meurtrier.
B.D.
Jean-François Parot, L’énigme des Blancs-Manteaux (10/18, 47 F). La réussite d’un roman policier historique tient à sa justesse d’évocation. Il y a du Paul Féval dans ce récit qui restitue brillamment le Paris des premières années du règne de Louis le seizième, cloaque majestueux et fascinant. Un jeune Rastignac breton y fait ses premières dents dans une enquête policière fort ténébreuse, aussi dense qu’un roman feuilleton. On y croise des figures emblématiques comme celle de Sanson, le bourreau qui officia jusqu’à l’époque révolutionnaire, et des lieux à jamais chargés d’histoire comme les hautes murailles de la Bastille.
B.D.
Jean Vautrin, L’homme qui assassinait sa vie (Ed. Fayard, 354 p., 19,80 E (129,90 F), 2001). Avec ce saisissant roman le grand Jean, retrouve le genre… noir. En virtuose, il accorde la pluie au pavé bordelais, dans un chorus autoroutier entre deux hommes paumés, poussés par les cœurs d’une foule de personnages à forte humanité. Le jazz est là, à la hauteur des destinées entremêlées et des vies assassinées. À ne pas rater !
T.L.
T.L.
Rick Bass, Le guet (traduit de l’américain par Philippe Garnier et Anne Wicke, 10/18, 44 F). Des contes de la folie ordinaire, voilà ce que sont les nouvelles de Rick Bass. Un coureur cycliste perdu dans l’immensité de la plaine du Mississipi, un prof de collège joueur clandestin de hockey sur glace, un jeune et riche oisif texan éleveur de perche dans sa piscine, un vieux puritain sylvestre amoureux des ours et de sa belle-fille : petit échantillon des personnages terrassés par leurs obsessions. Et pas de fin heureuse mais des chutes de nouvelles toujours ouvertes. Le tout raconté dans une langue multiforme, caustique et lyrique. Du grand art.
B.D.
Christian Bonnet, Gérald Liman, photographie de Jean-Pierre Vallorani, … Est-ce que tout le monde est là ? Gestes et dires (Ed. Via Valeriano, 27,44 E.(180 F.), 2001). Un livre témoignage à forte valeur plastique et symbolique qui restitue la dimension sacrée de l’humain et de la relation dans le quotidien d’une maison de retraite. Les paroles des soignants s’égrènent simplement au rythme des images – très belles – des gestes et des êtres.
V.L.
Collectif, L’envie des mots (Ed. CBA, 128 p., 13,72 E. (90 F.), 2001). À signaler ce très bel ouvrage, publié par CBA (Coopération des Bibliothèques en Aquitaine), reprenant deux ans d’atelier d’écriture en milieu carcéral. Avec à la clef des productions fictionnelles de grande qualité des détenu(e)s et des écrits passionnants des animateurs interrogeant à la fois leur propre rapport à l’écriture dans cette univers si particulier et proposant des réflexions pertinentes sur les processus à l’œuvre dans ces ateliers. On notera les contributions de A. Bellet, A. Benchetrit, M.F. Ehret, M. Laffon, J. Laurans, J.M. Maulpoix, D. Sigaud. T.L.
Jean-Claude Guillebaud, Le principe d’humanité (Fayard). J’aime bien Guillebaud. Je partage l’essentiel de ses analyses, de ses rages et de ses espoirs. Ses chroniques de Sud Ouest Dimanche sont une bouffée d’oxygène. Enfin, des convictions fortes et une critique argumentée de la tyrannie des technosciences et de leur alliance avec les multinationales qui nous préparent des lendemains qui déchantent. Si nous ne résistons pas à cette pensée unique et aux relais complaisants qu’elle trouve dans les media. Guillebaud ne cache pas sa sympathie pour une approche religieuse du monde – la question du sens c’est important, à l’époque de l’anti-humanisme scientiste et idéologique – on le taxera de naïveté : vieux moralisme de catho de gauche (dans le Canard, si je ne m’abuse) ; mais une religion débarrassée de ses dogmatismes, purifiée de ses erreurs et messagère de paix et d’amour.
P.R.
Rosetta Loy, Madame Della Seta aussi est juive (Rivages). Si vous ne connaissez pas cette romancière italienne, dépêchez-vous d’acheter ce livre. C’est l’évocation de la vie d’une famille bourgeoise romaine sous le fascisme et bientôt les lois raciales copiées sur celles d’Hitler, entrecoupée d’une étude historique sur l’attitude de l’Eglise pendant cette période. Portraits antithétiques de Pie XI qui voit dans le nationalisme la source de tous les maux, de tous les crimes et qui se bat avec courage et de Pie XII, foncièrement pro-hitlérien et qui ne trouve pas un mot pour condamner nettement les horreurs qui se déroulent à quelques mètres de lui, sauf quand la victoire des Alliés paraît inéluctable. Quand on pense qu’il a été canonisé au prétexte que Dieu serait venu tailler une bavette avec son pontife dans les jardins du Vatican. On aimerait croire qu’il lui a passé un sévère engueulo et non pas des conseils de géopolitique pour ruiner la menace du vilain totalitarisme rouge.
P.R.
Carlo Lucarelli Almost Blue (traduit de l’italien par Arlette Lauterbach, La Noire, 202 pages, 17,43 E. (115 F.)). Soit un trio conforme à la loi des séries du roman policier : un tueur narcisso-sexuel, une jeune et futée policière, Grazia et un aveugle de naissance, Simon, qui peut capter sur son système de scanner sophistiqué toutes les voix de la ville de Bologne où opère l’assassin. La police est impuissante à rétablir l’ordre. Simon, au milieu du désordre bruyant des sons est le seul à pouvoir isoler « la voix verte, qui fait semblant », de l’assassin. Toute la qualité du roman, à la lisière du fantastique, tient dans cette formidable évocation à donner des couleurs aux sons, à ébaucher des liens subtils entre le monde obscur de l’aveugle et la noire prison de l’univers du meurtrier.
B.D.
Jean-François Parot, L’énigme des Blancs-Manteaux (10/18, 47 F). La réussite d’un roman policier historique tient à sa justesse d’évocation. Il y a du Paul Féval dans ce récit qui restitue brillamment le Paris des premières années du règne de Louis le seizième, cloaque majestueux et fascinant. Un jeune Rastignac breton y fait ses premières dents dans une enquête policière fort ténébreuse, aussi dense qu’un roman feuilleton. On y croise des figures emblématiques comme celle de Sanson, le bourreau qui officia jusqu’à l’époque révolutionnaire, et des lieux à jamais chargés d’histoire comme les hautes murailles de la Bastille.
B.D.
Jean Vautrin, L’homme qui assassinait sa vie (Ed. Fayard, 354 p., 19,80 E (129,90 F), 2001). Avec ce saisissant roman le grand Jean, retrouve le genre… noir. En virtuose, il accorde la pluie au pavé bordelais, dans un chorus autoroutier entre deux hommes paumés, poussés par les cœurs d’une foule de personnages à forte humanité. Le jazz est là, à la hauteur des destinées entremêlées et des vies assassinées. À ne pas rater !
T.L.