Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°38 [janvier 2002 - février 2002]
© Passant n°38 [janvier 2002 - février 2002]
par Bernard Daguerre
Imprimer l'articleEn hommage à la Résistance
Vous n’avez réclamé la gloire, ni les larmes
Louis Aragon
22 juillet 2001, 10 heures du matin : St-Gilles-Les-Forêts est un petit village à la limite de la Haute-Vienne et de la Corrèze ; une stèle rend hommage aux résistants tués pour retarder la progression de la brigade des Waffen SS Das Reich, entre le 17 et 24 juillet 1944 ; la cérémonie est longue à se préparer et tous les participants, âgés pour la plupart, attendent stoïquement sous un soleil de juillet, qui commence à être de plomb. Mon premier étonnement lorsque je dépasse un groupe d’hommes qui chemine sur la route menant à la stèle : ils parlent le patois limougeaud, drôle d’hommage me dis-je à la Résistance. Je ne suis pas au bout de mes étonnements. Arrive noblement appuyé sur sa canne, Roland Dumas, portant beau ; Dumas qui fut l’avocat de Guingouin lorsque la coalition des staliniens et des anciens collabos tenta dans les années 50 d’éliminer cette haute figure de la résistance aux nazis.
La cérémonie débute avec un chant enregistré par une voix féminine sur un vinyle qui craque, stigmatisant Vichy, la Milice et les nazis. Se succèdent alors les discours rappelant la dure bataille que menèrent les résistants « ouvriers et paysans » regroupés sous les ordres du colonel Georges Guingouin. Puis la haute silhouette de Gingouin, un peu cassée par l’âge, s’avance pour rappeler fermement le combat mené, les morts, hommes et femmes, et cette lutte victorieuse contre les Allemands, tant il est vrai que ce fut une « petite Russie » et une déroute pour la Waffen SS. Stigmatisant les négationnistes qui s’attaquent au massacre d’Oradour-Sur-Glane, il conclut sa brève prise de parole par « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Ils sont deux à trois cents participants à écouter enfin le « Chant des Partisans » repris mezza-voce par nombre d’entre eux. Beaucoup se presseront un peu plus tard autour de la petite table où Georges Guingouin et sa compagne reçoivent les paroles d’hommage respectueux, dédicacent des photos et des livres, se font présenter les enfants des anciens compagnons de combat. Moment d’émotion partagé par ceux qui se souviennent et ceux qui savent la contribution majeure de Gingouin et les siens à la lutte dans la Résistance et à la libération de la région, ainsi que la nature unique de son maquis.
Louis Aragon
22 juillet 2001, 10 heures du matin : St-Gilles-Les-Forêts est un petit village à la limite de la Haute-Vienne et de la Corrèze ; une stèle rend hommage aux résistants tués pour retarder la progression de la brigade des Waffen SS Das Reich, entre le 17 et 24 juillet 1944 ; la cérémonie est longue à se préparer et tous les participants, âgés pour la plupart, attendent stoïquement sous un soleil de juillet, qui commence à être de plomb. Mon premier étonnement lorsque je dépasse un groupe d’hommes qui chemine sur la route menant à la stèle : ils parlent le patois limougeaud, drôle d’hommage me dis-je à la Résistance. Je ne suis pas au bout de mes étonnements. Arrive noblement appuyé sur sa canne, Roland Dumas, portant beau ; Dumas qui fut l’avocat de Guingouin lorsque la coalition des staliniens et des anciens collabos tenta dans les années 50 d’éliminer cette haute figure de la résistance aux nazis.
La cérémonie débute avec un chant enregistré par une voix féminine sur un vinyle qui craque, stigmatisant Vichy, la Milice et les nazis. Se succèdent alors les discours rappelant la dure bataille que menèrent les résistants « ouvriers et paysans » regroupés sous les ordres du colonel Georges Guingouin. Puis la haute silhouette de Gingouin, un peu cassée par l’âge, s’avance pour rappeler fermement le combat mené, les morts, hommes et femmes, et cette lutte victorieuse contre les Allemands, tant il est vrai que ce fut une « petite Russie » et une déroute pour la Waffen SS. Stigmatisant les négationnistes qui s’attaquent au massacre d’Oradour-Sur-Glane, il conclut sa brève prise de parole par « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Ils sont deux à trois cents participants à écouter enfin le « Chant des Partisans » repris mezza-voce par nombre d’entre eux. Beaucoup se presseront un peu plus tard autour de la petite table où Georges Guingouin et sa compagne reçoivent les paroles d’hommage respectueux, dédicacent des photos et des livres, se font présenter les enfants des anciens compagnons de combat. Moment d’émotion partagé par ceux qui se souviennent et ceux qui savent la contribution majeure de Gingouin et les siens à la lutte dans la Résistance et à la libération de la région, ainsi que la nature unique de son maquis.