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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°42 [septembre 2002 - octobre 2002]
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Mickey : journal du « Body »


Le corps / leu kor dézabié… Peux pas mieux dire ou l’écrire : « Obscène obliiige ! »

A ce propos, faut s’en référer à Roro, vous savez bien, le Barthes, qui disait : « Mystère, docteur Spock et Captain Kirk ! Ici, nous atteignons les confins du signifiant… »

Donc, en sortie de la Voix Lactée, les mots mielleux (vous savez, là aussi, comme quand André Chénier, ce poète qui perdit la tête pendant la Révolution, chantait : « Les mielleuses bananes ») en rejoignent d’autres, autrement plus difficiles à orthographier, plus faciles à photographier, à disséquer, bien moins barattés, sucrés : du bruit, des cris, du cru… Du salé. Le corps à poil : « Aïïïïïïïïïïïïeee ! » « Gruuumphh ! » « Ahhh ! Laide ! » « Ooooh, c’est court ! » (Une étrangère…)

En gros, sous la peau qui se sauve, les orifices. Le travail des orifices vers le dedans/dehors. Vers le mou pour le chat, les os pour le chien, la tripe pour la mouche bleue…

Ainsi notre corps (le mien, le tien, oh ! oh ! ça serait le bonheuuuuur !) est notre morceau du réel qui trimballe de par ce vaste monde… Ce qui fait de nous des entités ; douloureuses, certes. Pas encore des hommes/des femmes… Ensuite, ça fait des manières, ça choisit par où ça jouit, par où ça ne passera plus ; ce qui produit le sel de la terre et les civilisations… Je résume vite pour faire court…

Par les temps présents qui courent de partout et qui se dérèglent, nous aurions intérêt à sortir couverts ; voire à rester glissés au chaud sous la quatrième de couverture… Journal du débord tenu par un petit Mickey… Un de plus. Le ventre rond (Guiliguili ! Rigolo, quoi !), les gants blancs, la grolle Paraboot épaisse et ciragée ; la queue – bien rangée derrière la joyeuseté – qui rebique, légère, fouettante. Slash ! Antislash ! Juste ce qu’il faut ; le corps de texte, l’oreille « arobase @ », le museau vernis, en forme de boule de machine à écrire sur laquelle se reflète un reflet d’espérance micro, soft, et moiré ; enfin cette envie de silhouette en papier, lisse, sans aspérités, sans épaisseur ; et des traits, bien entendu, croqués à la morphème base… Tout ceci reposant dans un fauteuil adapté. La révolution conservatrice et virtuelle…

Que voulez-vous de mieux ? L’espérance ? La Foi ? La Californie à Bègles, peut-être ? Qu’à cela ne tienne ! Ajoutez un environnement de bande dessinée ; des pelouses vertes et nettes ; des voitures décapotables multicolores – non polluantes, bien entendu ; des trottoirs propres ; des animaux familiers, du type chien, canard, ou ruminant, drôlement habillés ; qui auraient pris la place des humains, trop humains, bien trop torturés et flous, bien trop emmerdants et agités, bien trop sexués, la bistouriquette à droite et à gauche, tout le temps… Ajoutez-y encore un palmier, une pincée de ciel toujours bleu, épicé d’un petit nuage blanc. Enfin, un zeste de Fin d’Histoire sur une rondelle d’éternité, puis, faites clignoter le tout avec un logiciel adapté…

Autre question : être militant, citoyen ? Demeurez cependant polis, corrects ; votez Chirac ; distrayants, légers ; votez Chirac ; badins, rassurants, libéraux, décoratifs, quoique efficaces… Des gonzes marrants ; des mecs de leur époque, qui savent prendre des leçons dans les débandades…

Mickey’s body… Vaut mieux pas que ça se traduise ou s’altère ; déborde ou disparaisse entre les cases prévues… Que les phylactères se relâchent en V.O.… Ça pourrait chier quelques bulles. Pas bon, pas bon, croyez-moi… Moins de corps beaux, sur clichés, propres sur eux : ça renarde mauvais aussitôt !

Le « Reuri » édenté, de Mandryka, n’est jamais que le cousin de Mickey…



Avec Ghislaine (ma souris) nous nous faisions un soir, et dans l’intime, un festival Tim Burton sur magnétoscope. Nous étions donc cosy, appuyés l’un contre l’autre, les mains sages : « Mars attacks, Hack ! Hack ! », « Sleepy hollow, the beheaded knight of the night », « Edward the hedgebarber »…

Ghislaine, tout à coup, m’a demandé : « Es-tu sûr que le titre original est Edward the hedgebarber ? »

Vous voyez ? Le genre de petite remarque lancette qui vient se planter entre vos yeux…

J’ai douté… D’où qui sortaient mes intitulés ? Je m’étais encore une fois emporté… Les jeux de mots, les liaisons dangereuses, les rapprochements douteux… J’ai dit : « Pas de problème ! Je vais chercher sur Internet… »

Je ne vous dis pas… J’ai tapé sur Google : « Edward the hedgebarber »… Quatre pages sont apparues : des sites de cul, essentiellement… Je suis même tombé sur deux pages fétichistes : une sur le poil, l’autre sur les pieds… Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Faut de tout pour s’faire le monde… Ghislaine, qui m’avait suivi en catimini, a déclaré : « Mickey, tu as bonne mine, tu es la seule personne que je connaisse à posséder l’inconscient à ciel ouvert ! »

Plus tard, après avoir rongé mon frein, enfin, je l’ai retrouvé. En plein dans le mile ! « Un ciseau neuf » (1609 mètres)… Pourtant je le connaissais ce putain de titre : « Edward Scissorhand »… Vous savez comment elle progresse la vie ? Par erreur… Vous savez comment elle disparaît ? Par oubli…



Le sens plus complet de cette parabole ? Je la laisse à votre entière discrétion…


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