Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°44 [avril 2003 - mai 2003]
© Passant n°44 [avril 2003 - mai 2003]
par Bernard Manciet
Imprimer l'articlePour l’enfant d’Amarah
I
tout juste une poignée de sable
une poignée de sel
une poignée d’écume
sur le petit de gazelle
une branche de pluie
une branche de rosée
de pleurs une branche
sur le petit de gazelle pâle
une plume deux plumes
une feuille qui plane
quelque neige qui vole
sur le petit de gazelle tout froid
se détachant quelques dattes
un épi de seigle qui s’égrène
un chapelet de sanglots
sur l’enfant de gazelle brisé
d’un saule de tourment
verveine secouée
le froissement d’un laurier
sur le petit de gazelle qui dort
rien qu’une goutte de lune
rien qu’un souffle de brume
un parfum de matin
sur le petit de gazelle dans sa nuit
une corbeille de braises
un peu d’aubépin qui ploie
un brin de bruyère
sur l’enfant d’Amarah
II
les sirènes tournoient
les orages à réaction
les ventilateurs de proie
sur l’enfant démuni
les sauterelles rient de tous côtés
les pilotes rient d’avoir visé juste
ricanent fort les présidents
sur l’enfant rêveur
« veux-tu de la purée de flashes ?
du ketchup éclaboussé
du hachis ? »
sur l’enfant plus que maigre
il grêle de la fausse monnaie
avec des mensonges flamboyants
grêle de phosphore par bourrasques
sur l’enfant qui n’a plus peur
et il tombe des doctrines
doctrines – gangrènes tombent
floraison de furoncles un vrai printemps
sur l’enfant pur
vilebrequins logiques
dentures métalliques
toute une ferraille affamée
d’un enfant nu
les moteurs noirs qui toussent
dynamos musculaires des volts
pulsations des amours mécaniques
sur l’enfant d’innocence
III
des dahlias criminels frémissent
les oranges sanguines chantent
les foies prophétiques éclatent
de la source d’un enfant
les hautes cités sont incendiées
là-bas tout là-bas on dirait des coquelicots
qui pétrissent les lunes
l’enfant est le pétrin
soleils – klaxons sur les gratte-ciel
avertissement des tôles inoxydables
les gratte-ciel miaulent en accordéon
le corps de l’enfant est un flûteau
les nuits saignent leur néon bleu
des acides soufrés coulent des montagnes
rayons en fusillades
car l’enfant a ouvert ses plaies
les lointaines nations suppurent
les souverains du bétail vers l’abattoir
le Très Haut souverain cela le fait rire
à cause d’un brin d’herbe
engrenages et ressorts
d’insulte et de rejet
la malédiction se lève comme une aube
à cause d’une lèvre bleue
ils prient pour les maudits de là-bas
les sables vastes les grands fleuves
une poignée sur eux de désert
et toi aussi enfant
toi pétale
tout juste une poignée de sable
une poignée de sel
une poignée d’écume
sur le petit de gazelle
une branche de pluie
une branche de rosée
de pleurs une branche
sur le petit de gazelle pâle
une plume deux plumes
une feuille qui plane
quelque neige qui vole
sur le petit de gazelle tout froid
se détachant quelques dattes
un épi de seigle qui s’égrène
un chapelet de sanglots
sur l’enfant de gazelle brisé
d’un saule de tourment
verveine secouée
le froissement d’un laurier
sur le petit de gazelle qui dort
rien qu’une goutte de lune
rien qu’un souffle de brume
un parfum de matin
sur le petit de gazelle dans sa nuit
une corbeille de braises
un peu d’aubépin qui ploie
un brin de bruyère
sur l’enfant d’Amarah
II
les sirènes tournoient
les orages à réaction
les ventilateurs de proie
sur l’enfant démuni
les sauterelles rient de tous côtés
les pilotes rient d’avoir visé juste
ricanent fort les présidents
sur l’enfant rêveur
« veux-tu de la purée de flashes ?
du ketchup éclaboussé
du hachis ? »
sur l’enfant plus que maigre
il grêle de la fausse monnaie
avec des mensonges flamboyants
grêle de phosphore par bourrasques
sur l’enfant qui n’a plus peur
et il tombe des doctrines
doctrines – gangrènes tombent
floraison de furoncles un vrai printemps
sur l’enfant pur
vilebrequins logiques
dentures métalliques
toute une ferraille affamée
d’un enfant nu
les moteurs noirs qui toussent
dynamos musculaires des volts
pulsations des amours mécaniques
sur l’enfant d’innocence
III
des dahlias criminels frémissent
les oranges sanguines chantent
les foies prophétiques éclatent
de la source d’un enfant
les hautes cités sont incendiées
là-bas tout là-bas on dirait des coquelicots
qui pétrissent les lunes
l’enfant est le pétrin
soleils – klaxons sur les gratte-ciel
avertissement des tôles inoxydables
les gratte-ciel miaulent en accordéon
le corps de l’enfant est un flûteau
les nuits saignent leur néon bleu
des acides soufrés coulent des montagnes
rayons en fusillades
car l’enfant a ouvert ses plaies
les lointaines nations suppurent
les souverains du bétail vers l’abattoir
le Très Haut souverain cela le fait rire
à cause d’un brin d’herbe
engrenages et ressorts
d’insulte et de rejet
la malédiction se lève comme une aube
à cause d’une lèvre bleue
ils prient pour les maudits de là-bas
les sables vastes les grands fleuves
une poignée sur eux de désert
et toi aussi enfant
toi pétale